09-08-2010
Silicon.fr
Par Pierre Mangin
Aux syndicats qui s'inquiètent des délais pour la reprise de l'usine Altis Semiconductor (ex IBM) à Corbeil, Christian Estrosi donne rendez-vous à la 3è semaine d'août "Altis, ça ne s'arrange pas", titrait le mercredi 4 août dernier un communiqué alarmiste de la CFTC.
En effet, le sort de l'entreprise Altis Semiconductor, à Corbeil-Essonnes (91) est toujours en suspens. Le sauvetage de cet ancien établissement bien connu et réputé d'IBM France, où ont été construits des processeurs parmi les plus sophistiqués de Big Blue, devait être entériné à la date du 30 juillet 2010 -après l'annonce d'IBM et Infinéon que la cession de ce site industriel était engagée. (cf notre article :
Altis Semiconductor sauvée des eaux par Yazid Sabeg)
Or, après deux années de négociation, constataient alors les syndicats, "la situation de l’usine de semi-conducteurs Altis qui dépend d’IBM et Infinéon ne s’est pas éclaircie, loin s’en faut !"
Parmi les options retenues, il est question d'un plan de financement multi-partite autour d'un repreneur. Ce qui ne s'est pas (encore) concrétisé.
Pourtant, Yazid Sabeg, commissaire à la Diversité et à l'Egalité des Chances, avait fait état dans la presse d’une proposition de rachat ferme et définitive, avec une date limite, celle du 30 juillet 2010.
Le ministre de l’industrie, Christian Estrosi, avait également apporté une caution forte en se rendant sur place. Il est vrai que c'est le fief d'un industriel influent s'il en est - Serge Dassault (il a été maire de Corbeil-Essonne de 1995 à 2009).
Faisant écho à certains journalistes qui affirmaient que le financement du projet de reprise n’était pas aussi solide qu’annoncé (il a été question, entre autres scénarios, de fonds russes...), le syndicat CFTC, par la voix de Hervé Judith, dénonçait alors le fait que "l’usine soit soumise à des manœuvres plus politiques qu’industrielles" et "où un club fermé de politiques et d’industriels joue avec les nerfs des salariés".
Et d'ajouter: "Monsieur Estrosi, en ce qui le concerne, n’a pas tenu sa promesse de revenir sur le site." Et le syndicat de redouter que ne site ne devienne "une nouvelle friche industrielle".
Les réassurances de Christian Estrosi
Ce lundi 9 août, Christian Estrosi a tenu à rassurer:
"Le projet de reprise d'Altis est en bonne voie". Le ministre de l'Industrie a promis que le projet de reprise de l'usine de composants électroniques Altis Semiconductor connaîtraît bientôt des "résultats positifs".
Pour mémoire, le projet de Yazid Sabeg présenté il y a quelques mois a été désapprouvé fin juillet par le comité d'entreprise qui doute de la solidité financière du plan.
De plus, le Fonds stratégique d'investissement (FSI) aurait, selon plusieurs médias, refusé le prêt demandé par Yazid Sabeg.
"Ce refus n'est pas définitif", a assuré Christian Estrosi sur Europe 1", ajoutant: "Je suis d'accord avec le projet de reprise de Yazid Sabeg. (...) Avant la troisième semaine d'août, vous verrez qu'il y aura des résultats positifs", a ajouté le ministre de l'Industrie.
Les engagements d'IBM et d'Infineon
Rappelons qu'Altis Semiconductor est l'unique site de production de circuits logiques d'Ile-de-France, conjointement détenu par IBM et Infineon.
L'établissement emploie 1.300 personnes, mais les emplois induits sur la région seraient équivalents.
Autre argument de poids pour l'actuel maire UMP de Corbeil-Essonnes, Jean-Pierre Bechter, la taxe profesionnelle; elle s'élèverait au moins à 18 millions d'euros (49 millions selon une autre source...).
Pendant la campagne électorale de l'automne 2009, le maire avait assuré avoir trouvé un repreneur, sans plus de précision.
Selon le quotidien Libération (ce 9 août), IBM et Infineon seraient d'accord pour une cession à 1 euro symbolique, tout en laissant une trésorerie de 82 millions d'euros. Seul bémol: les deux industriels ne s'engageraient sur leurs commandes que jusqu'en 2012 ou 2013.
Et, de son côté, Yazid Sabeg doit avoir le soutien d'un financement tout aussi conséquent. Il a été question d'un certain Germain Djouhri, fils d'Alexandre Djouhri, un investisseur proche du commissaire de la République.
Plus sûr, le soutien du fonds public FSI (Fonds Stratégique d'Investissement) paraît garanti avec le soutien de l'Elysée, en la personne de Claude Guéant. On voit mal comment le nouveau dirigeant du FSI, Jean-Yves Gilet, nommé ce mardi 3 août, ne suivrait pas. Mais rien n'est certain, a admis un porte-parole de Yazid Sabeg.
Doutes sur le plan de financement
Le 30 juillet dernier, le comité d'entreprise a émis un avis négatif sur le plan de financemement : pas assez solide. Sur les 140 millions d'euros, seuls 40 millions seraient effectivement garantis ou "sécurisés" par Yazid Sabeg -sans être identifiés (certains sont convaincus qu'il s'agit de Serge Dassault lui-même, qui ne veut pas voir le site fermer) - constate le quotidien Libération.
Les autres sources de financement seraient donc le fonds public FSI, des prêts bancaires, un fonds du Moyen-Orient et un conglomérat russe...
Jugeant le 'business plan' trop optimiste', d'aucuns, comme Claude Laclergerie, délégué CGC, également interrogé par Libération, estiment que "ce sera extrèmement tendu".