08 août 2008

ALTIS et son blues titre le "Parisien"

L’inquiétude des 1 400 salariés d’Altis CORBEIL-ESSONNES.

Toujours pas de nouvelles de la vente de l’usine. Le personnel a le blues. Deux mille emplois indirects sont dans la balance.

ILS ESPÉRAIENT en sortir rassurés. Les responsables syndicaux ont finalement quitté le comité d’entreprise d’Altis plus inquiets que jamais. Hier, les représentants d’IBM et Infinéon, les deux actionnaires de cette entreprise de semi-conducteurs de Corbeil, n’ont pas annoncé la bonne nouvelle tant attendue. La reprise de l’usine n’est toujours pas à l’ordre du jour. Les 1 423 salariés sont condamnés à attendre, la peur au ventre.Les employés continuent à espérer que le rachat d’Altis par un consortium russe annoncé l’été dernier évite le naufrage de la société.Mais pour l’heure, aucune officialisation. Jadis fleuron de la microélectronique avec près de 4 500 salariés il y a une quinzaine d’années , l’usine a subi de multiples plans sociaux.

Le coup de grâce est venu avec l’annonce du retrait de ses deux actionnaires et clients, IBM et Infinéon. Ces deux géants des puces électroniques ont décidé de se retirer fin 2009. Pour survivre, Altis doit donc trouver un repreneur. Il y a un an, le russe GIS a déclaré qu’il était partant. Mais depuis, malgré les confirmations des actionnaires, les salariés ne voient rien venir.
Hier, les représentants du personnel attendaient d’en savoir plus. En vain. « On nous a dit que le dossier avait pris du retard à l’occasion des élections, à cause des autorités russes… rapporte Didier Lecas, délégué CFTC. Mais la signature est toujours d’actualité, c’est une question de semaines, nous assure-t-on.
Mais si on doit attendre encore cinquante-deux semaines, ça va faire long… » Un flou qui désespère les salariés, qui se disent « blasés et épuisés moralement ». « Tant qu’ils ne nous annoncent pas que le rachat a capoté, on essaie d’y croire », reconnaît Didier Lecas.

Les salariés en appellent au gouvernement
« Nous nous sentons complètement impuissants, se désole Frédéric Brunier, secrétaire CFDT du comité d’entreprise. Il n’y a aucune solution de secours. Que va-t-il se passer si la transaction capote ? C’est la pérennité de l’usine qui est en jeu. » Plus de 1 400 salariés sont dans la balance,auxquels s’ajoutent 2 000 emplois indirects. Les salariés en appellent au gouvernement. Serge Dassault, le sénateur-maire UMP de Corbeil, a de son côté sollicité l’Elysée et le ministère des Finances « pour savoir s’il y avait un problème ». Sans réponse. « Il faut faire pression par la voie diplomatique, plaide-t-il. Le rachat d’Altis est essentiel pour le personnel mais aussi l’agglomération et le département. »


Sandrine Binet